Après une courte escale à Kratie pour aller admirer les dauphins de l’Irrawaddy, c’est une nouvelle rencontre avec des animaux qui nous attend dans notre prochaine étape, cette fois avec des éléphants.
En effet, nous avons réservé un séjour de 2 jours avec le Mondulkiri Project, un sanctuaire qui travaille avec une ONG pour la sauvegarde et la protection des éléphants.
Trajet de Kratie à Mondulkiri
L’ONG est située à Sen Monorom, à 210 km de Kratie. Un minibus vient nous chercher à 7h30 à notre guesthouse.
Première fois où l’on ne peut pas choisir où l’on s’assoit, le chauffeur nous place au fond du minibus sur la banquette. On sait, par d’autres voyageurs, que ce sont les pires sièges du bus. En effet, ils sont juste au-dessus des roues et les routes étant pourries, on décolle de son siège assez souvent… Cette théorie sera bien vérifiée. Isabelle a réussi à négocier une place devant en expliquant au chauffeur qu’elle était malade en bus. Par contre Matt, Maider et Christian se retrouvent tous les 3 à l’arrière du bus. Le 4ème mec a côté de nous est un Cambodgien qui a passé son trajet à passer des coups de fil et parler hyper fort, ou écouter sa musique chinoise sans écouteurs, ou alors à essayer de nous parler sans parler un mot d’anglais. On a compris qu’il avait 3 femmes et Christian lui a dit qu’il en avait 6, ce qui l’a bien fait rire.
Le trajet durera 5 heures au lieu de 4 annoncées. La dernière partie de la route est de la route de montagne avec pas mal de virages. Le chauffeur n’en a visiblement rien à faire. Il conduit hyper vite, double sans aucune visibilité, des véhicules nous frôlent… On se croirait de retour en Amérique du Sud. On arrivera quand même vivant à Sen Monorom en fin de matinée d’où un tuk tuk nous attend pour aller au Tree Lodge, hôtel du Mondulkiri Project.
Après-midi détente au Tree Lodge
Le Tree Lodge est une guesthouse avec une quinzaine de bungalows au cœur de la jungle.
Gros dépaysement qui fait du bien.
Les bungalows sont plutôt sympas. Nous en avons un pour 4 avec 2 lits doubles. Et un hamac sur la terrasse.
Nous remontons au restaurant du Tree Lodge pour déjeuner. Et nous passerons l’après-midi sur leur terrasse à se reposer, bouquiner et jouer au Yams. L’endroit est tellement calme, c’est très agréable.
Christian se prêtera même à l’activité favorite des locaux, la sieste.
2 jours d’excursions dans la jungle
Le lendemain, nous attaquons nos 2 jours d’excursions avec le Mondulkiri Project. La première journée sera avec les éléphants, suivi d’une nuit dans un camp. Et le deuxième jour sera un trek de 18 km dans la jungle avant de retourner au Tree Lodge.
Nous serons un groupe de 18 personnes à faire la journée avec les éléphants et nous serons que 5 le lendemain pour le trek (beaucoup de gens ne faisant que la journée avec les éléphants).
Un pick up 4/4 nous emmène au camp. Isabelle et Maider montent à l’intérieur du pick up avec Pauline, une française qui sera notre coéquipière pendant le trek, alors que Matt et Christian montent à l’arrière du pick up. Les paysages pour aller au camp sont magnifiques.
Et le camp lui même est situé au cœur de la jungle et offre une vue splendide sur la rivière et la forêt. C’est ici que nous allons passer la nuit.
À notre arrivée, un guide nous réunit et nous explique pendant presque une heure l’histoire et les objectifs de Mondulkiri Project.
En quoi consiste le Mondulkiri Project?
Fondée en 2013, l’ONG Cambodia Elephant Rescue Organization gère le Mondulkiri Project en collaboration avec Mr Tree (un cambodgien). Le but premier est la sauvegarde des éléphants mais aussi des forêts dans la région du Mondulkiri.
Cette région est très fortement touchée par la déforestation. En 10 ans, elle a perdu presque 45% de sa surface forestière. On y rase des arbres pour y planter des bananiers, des arbres à noix de cajou etc. Et on vend bien sûr le bois. Tout est bon pour le commerce !
Face à ce désastre, l’ONG a donc lancé le Mondulkiri Project, qui organise des treks dans la jungle et propose une journée complète en compagnie d’éléphants. Les participants peuvent nourrir les éléphants, les accompagner en forêt et se baigner avec eux dans la rivière.
Mr Tree, fondateur du projet, loue une grande partie de la vallée du Mondulkiri à la minorité autochtone Bunong pour en faire une zone préservée et un sanctuaire pour réintroduire des éléphants rachetés à des propriétaires qui les exploitaient.
Le sanctuaire compte aujourd’hui 5 éléphants, uniquement des femelles: Sophie, Princess, Lucky, Happy et Comvine. Tous sont des éléphants qui étaient utilisés pour le tourisme (promenade à dos d’éléphants) ou par des paysans qui exploitaient leur force exceptionnelle.
En cohésion avec ce projet, ici on ne monte donc pas à dos d’éléphants.
Les fonds récoltés par l’ONG permettent notamment de soutenir le projet de sauvegarde de la forêt, de développer le sanctuaire d’éléphants mais également de soutenir financièrement les populations bunongs afin de limiter leur dépendance économique à la vente de bois à l’origine de la déforestation. L’objectif est de leur apprendre l’anglais puis leur donner du travail au sein du projet pour qu’ils n’aient plus à vendre leurs terres notemment aux multinationales qui cherchent à exploiter la région (déforestation, construction, etc.).
D’habitude c’est Mr Tree qui fait cette présentation mais il n’était pas disponible ce jour là alors nous avons eu un autre guide, qui sera le même guide qui nous emmènera voir les éléphants dans la matinée.
Rencontre avec les éléphants
Après la présentation du projet auquel on adhère complètement, le guide nous fait descendre dans la jungle pour voir les 5 éléphants. On ne les verra pas les 5 en même temps car ils sont dans des zones différentes. Sophie et Happy sont les deux premiers éléphants que nous allons voir. Sophie est la plus vieille des 5. Ils l’ont récupérée quand elle avait 55 ans et elle en a aujourd’hui 60. Happy, elle, est un peu plus jeune mais on ne se souvient plus de son âge exact (entre 40 et 50 ans si nos souvenirs sont bons).
Le seul moyen pour qu’un éléphant s’approche de nous: lui donner des bananes. C’est vraiment le seul moyen de le faire s’intéresser à nous. On récupère donc tous quelques bananes et nous voilà partis à la rencontre de ces 2 pachydermes, bananes en main.
On est 18 et il n’y a que deux éléphants. On trouve quand même que 18 c’est un grand nombre de personnes pour ce genre d’activité. C’est la seule chose à redire sur cette expérience.
Mais on a quand même pu les approcher et les nourrir. Pas très sereins au début, on y prend vite goût.
On a 30 minutes à passer avec ces 2 éléphants et les observer dans leur milieu naturel.
Leur taille est impressionnante. Sophie pèse 4 tonnes et Happy 2,5.
On arrive même à les toucher et on se rend compte qu’ils ont pleins de poils.
Sophie décide de s’aventurer dans la jungle et on se met à la suivre. Elle a en fait décidé d’aller jusqu’à la rivière et traverser. Peut être pour qu’on la laisse tranquille 😉 . Mais c’était chouette de la voir aller dans l’eau.
Le troisième éléphant que l’on va voir, Lucky, est beaucoup plus sauvage que Sophie et Happy. Certains sont encore craintifs du fait des mauvais traitements reçus pour devenir docile et être monté par les touristes. On ne peut pas lui donner des bananes à même la trompe. Il faut lui jeter les bananes au sol. Les guides ne veulent pas prendre le risque qu’elle attaque l’un d’entre nous. La rencontre avec Lucky sera donc très rapide.
On terminera la matinée avec Princess, 40 ans, et Comvine, 34 ans. Les deux s’entendent très bien.
Princess espère recevoir sa banane directement dans la bouche, d’où son nom de Princess.
On passera pas mal de temps avec les deux à les gaver de bananes.
Une super matinée passée avec les éléphants du sanctuaire. C’est la première fois que nous avons l’occasion d’en approcher de si près et c’est une sacrée expérience.
Pour le déjeuner, nous remontons tous au camp où un repas cambodgien à base de poisson frit, légumes et riz nous attend. Nous sommes assis par terre et un tapis nous sert de table. Pour le confort on repassera, mais c’est très sympa de manger tous ensemble.
Avant d’aller prendre un bain avec les éléphants, une petite sieste dans les hamacs est prévue. Et elle est la bienvenue. On s’adapte facilement au rythme cambodgien, qui est très similaire au rythme laotien.
Dans l’après-midi, on se dirige vers la rivière, munis de bananes, prêts à voir arriver les éléphants. Avec cette chaleur, le bain dans la rivière fait le plus grand bien.
Le premier éléphant qui apparaît est Comvine. Mais elle n’a pas super envie de se baigner et fera juste trempette le temps qu’on lui donne des bananes.
Le deuxième, Princess, est beaucoup plus enthousiaste à l’idée de se baigner.
Et on se retrouve nez à nez avec cette énorme bête, à lui donner des bananes.
Cette expérience est encore plus impressionnante que celle de la matinée. Car ici, nous nous retrouvons encore plus prêts d’eux et réalisons vraiment leur taille.
Princess sera tellement excitée qu’elle fera caca dans la rivière alors que nous sommes toujours dedans. Matt sera pas loin de se faire asperger de caca. Isabelle et Maider se contenteront de se faire souffler dessus par ses grosses narines, se retrouvant avec plein de terre sur le visage. Ce moment entraînera un gros fou rire au sein du groupe.
On était censé se baigner avec un troisième éléphant, Happy, mais son mahout (gardien des éléphants) ne l’a pas trouvé dans la jungle. Alors on sortira de l’eau et on ira juste dire au revoir à Sophie qui traversera la rivière de l’autre côté.
Avant de remonter au camp et de tomber nez à nez avec Happy !
Nuit dans la jungle
À 16h00, on remonte tous au camp, et le plus gros du groupe repart au Tree Lodge alors que nous restons, en compagnie de Pauline, pour y passer la nuit.
À 16h30, 5 personnes ayant fait l’excursion en sens inverse (à savoir le trek en premier), arrivent au camp pour passer la nuit. On sera donc 10 personnes à passer la nuit ici. L’installation dans le campement se fait rapidement. Chacun dort dans un hamac avec moustiquaire, dans une grande pièce.
On se pose ensuite sur la terrasse principale à faire connaissance et se raconter notre journée. On est un groupe très sympa.
Au moment du coucher du soleil, Matt et Christian montent sur une colline pour observer le soleil se coucher sur les montagnes. Alors qu’Isabelle et Maider restent au camp discuter avec un couple de français.
On se retrouve ensuite tous ensemble pour le dîner à la nuit tombée. Au menu, de la soupe d’aubergine et citronnelle cuite dans le bambou, accompagnée d’un plat au tofu et poulet, et bien évidemment du riz.
Le guide qui est avec nous ce soir est le guide qui fait le trek. On passera donc la journée avec lui le lendemain. Il s’appelle Crème (ça c’est la prononciation, on ne connaît pas l’écriture), et vient du village de Bunong. Son anglais est basique mais on arrive quand même à lui poser quelques questions sur sa famille et sa vie. Il est très sympa. Et surtout, il se marre tout le temps. Et son rire est communicatif.
Il nous propose un jeu de carte avec des cuillères pour terminer la soirée. Un peu comme la chaise musicale mais avec des cuillères. Le premier qui a 4 cartes pareilles doit ramasser une cuillère et les autres doivent suivre. 9 cuillères seulement sont disponibles pour 11 participants.
Les deux perdants de chaque partie doivent boire un shot de leur alcool de riz local servi dans des verres en bambou.
Lui étant habitué au jeu ne perdra jamais alors on essaiera de mettre en place une stratégie pour le faire perdre. Et seulement à la dernière partie on arrivera à le faire perdre. On passera une super soirée à bien rigoler mais aussi bien boire pour les perdants.
À 20h30, couvre feu, tout le monde part se coucher dans son hamac, munis d’une grosse couverture car on nous annonce une nuit fraîche.
Journée de trek
Le lendemain, le réveil est prévu à 7h, mais beaucoup seront réveillés avant. En effet, une nuit dans un hamac c’est sympa, mais on a vu plus confortable. Maider et Matt ont plutôt bien dormi mais Isabelle et Christian ont eu plus de mal.
La vue au réveil est fantastique.
Et on se retrouvera tous sur la terrasse, à admirer la vue en silence.
Avant d’avaler un gros petit déjeuner à base de pancake banane Nutella. Parfait pour entamer ensuite une longue journée de marche.
À 8h, on dit au revoir à nos amis qui s’apprêtent à passer la journée avec les éléphants, et tous les 4, accompagnés de Pauline et Crème notre guide, nous commençons notre trek de 18km.
La première partie commence par une montée assez raide dans la jungle.
Avant d’atteindre une plaine où le phénomène de déforestation nous frappe en pleine figure. Il est bel et bien réel et nous marchons à travers des dizaines de champs entiers déforestés. Le constat est accablant.
On continue notre chemin et passons quelques champs de noix de cajou. Nous n’en avions jamais vu avant et on ne savait pas que la noix poussait accrochée à un fruit. Nous avons aussi croisé des champs d’avocatiers ou encore de jacquiers.
Pour le déjeuner, on s’est posé au bord d’une petite cascade où on en a profité pour se baigner.
Pendant que Crème nous a préparé du porc au feu de bois avec des légumes et du riz. Un délice !
Nous avons continué notre chemin en s’arrêtant à une deuxième cascade, bien plus grande, où là, c’est Crème qui en a profité pour se baigner.
Puis on s’est renfoncé dans la jungle où l’on a pu croiser des énormes arbres, des lézards, ou encore une ÉNORME araignée. À l’unanimité nous étions d’ accord pour dire que c’est la plus grosse araignée qu’on ai jamais vu.
Nous nous sommes arrêtés un moment dans la jungle pour que Crème nous fabrique des verres en bambou. Super sympa. On est reparti tous les 5 avec chacun notre verre.
Dernière rivière à traverser avant de rejoindre son village, on a du déchausser pour la traverser.
Puis on a entamé la dernière montée vers Bunong. Ici aussi on pu observer le triste constat de la déforestation.
On arrivera à Bunong à 16h après avoir marché 14km. On se doutait depuis le début qu’on ne ferait pas 18km surtout avec le rythme de marche et le nombre d’arrêts.
On est très surpris de constater que le village est en bien meilleur état que les 3/4 des villages que l’on a pu voir jusqu’à présent au Laos ou même au Cambodge. Ici toutes les maisons ont des fenêtres, on y croise de belles voitures, des scoots comme neufs. On est heureux de constater que les retombées économiques du Mondulkiri Project profitent aux habitants du village.
Crème nous emmène chez lui et nous présente à sa femme et quelques uns de ses enfants et petits enfants. Comme dans tous les villages, le jardin est rempli de poules, coqs, cochons, chiens.
On dit au revoir à Crème en le remerciant infiniment pour ces bons moments partagés et un pick up de Mondulkiri Project viendra nous chercher en fin d’après-midi pour nous ramener au Tree Lodge.
On retrouvera une copine qui était avec nous la veille au camp ainsi que d’autres personnes qui ont passé la journée avec les éléphants. Isabelle, Christian et Matt monteront à l’intérieur du pick up alors que Maider et Pauline s’installeront à l’arrière avec 4 autres personnes. Le pick up n’aura visiblement pas supporté notre poids puisque nous tombons en panne en haut d’une grosse montée. On donne toutes les bouteilles d’eau qui nous restent au chauffeur pour qu’il fasse refroidir le moteur mais ce ne sera pas assez et il sera obligé d’aller en chercher au village à côté. On restera bloqué 20 petites minutes avant de pouvoir enfin rejoindre Tree Lodge.
La douche fera le plus grand bien ainsi que la bière fraîche qui suivra. On se couchera tôt car claqués de cette longue journée. Mais on est tous d’accord pour dire que nous avons passé un excellent séjour à Mondulkiri et sommes contents d’avoir pu participer à ce projet qui nous tient aussi à cœur. Ce fut une expérience magique et un dépaysement total.
Le lendemain, un départ en bus à 6h30 nous attend pour rejoindre Phnom Penh, qui nous servira juste d’escale avant de partir au sud du pays à Kampot, connu pour son poivre.